
Ils ouvrent en effet ses œuvres sur un entre-deux et une irrésolution qui sont le lieu où s’accomplit sa métamorphose de locuteur – contraint par le code d’une langue donnée – en « diseuse », figure marginale réellement libre. Je défends par ailleurs l’idée que les jeux fréquents de Cha avec le français et la traduction sont ce qui rend ses textes si inventifs, et qui les libère plus complètement du système rigide dominant de la langue anglaise. Je m’attache à montrer que la façon dont Cha défait les règles de l’anglais standard et remplace la répétition obéissante par des déviations vagabondes est doublement subversive dans la mesure où l’artiste joue souvent sur les vecteurs même de la doxa linguistique : exercices de langue et déclinaisons. Cet article se concentre sur Dictée et d’autres écrits moins connus rassemblés de manière posthume dans un ouvrage intitulé Exilée – Temps Morts – Selected Works (2009). – échappe aux canons établis, et son titre nous rappelle que l’ensemble de son œuvre est un acte de résistance systématique contre tous les systèmes contraignants, qu’ils soient linguistiques, artistiques ou politiques. Son mémoire autobiographique Dictée – qui juxtapose passages narratifs, poésie, pages de textes manuscrits, exercices de grammaire et de traduction, diagrammes, photographies en noir et blanc, etc.

Theresa Hak Kyung Cha est une écrivaine et une artiste visuelle américaine d’origine coréenne, dont la production d’une extraordinaire hybridité inclut poésie expérimentale, mail art, livres d’artiste, vidéos, films, performances multi-media.
